En France, 22% de la population active peut subir un ou plusieurs problèmes psychologiques graves. L’enquête du CESE dévoile des pistes de prévention pour la santé au travail.
Travailleur ou chômeur, plus d’un Français sur cinq connaît une détresse liée à un trouble mental (dépression, burn-out, addictions, etc.). C’est ce que montre une étude épidémiologique publiée le mois dernier par le Conseil économique, social et environnemental sur la base de données fournies par la Fondation Pierre Deniker. Alors que l’on remarque « une diminution des accidents de travail, grâce à l’engagement des pouvoirs publics et des entreprises », les problèmes de santé mentale perdurent, selon le président du comité scientifique de l’enquête Dr Patrick Légeron. D’après le Dr Nicolas Brosset, l’explication reste simple : les médecins du travail sont plus formés à débusquer les symptômes cliniques que les souffrances psychiques, ce qui « dans le travail, a pu conduire à cette situation ».
Cette étude du CESE réalisée en partenariat avec IPSOS analyse également les relations entre la détresse psychique et les risques psychosociaux tels que le travail valorisant – ou non, la solidarité au sein d’un service, le harcèlement moral… Il apparaît que l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle est primordial pour tenir le coup. Sur les 15% de salariés qui affirment ne pas réussir à mener de front leur travail et leur famille, 45% présentent un trouble de santé mentale.
Le phénomène existe dans tous les secteurs d’activité
Chez les salariés, le travail valorisant, la cohésion et la communication comptent plus que le reste. Du côté des indépendants, seule la confiance en l’avenir importe. L’étude montre aussi le poids considérable du harcèlement sur les femmes et les aidants. Respectivement 20 et 30% d’entre eux déclarent subir à leur travail des personnes qui s’amusent à les faire souffrir.
Pour le psychiatre et co-auteur du rapport de l’Académie de médecine sur le burn-out Patrick Légeron et le médecin du travail et référent risques psychosociaux au sein du groupe PSA Peugeot Citroën Nicolas Brosset, l’enquête offre de nouvelles pistes de prévention pour améliorer le bien-être des actifs. Si des actions semblent de plus en plus nécessaires en milieu professionnel, le coût des problèmes de santé mentale en France s’élève à 80 milliards d’euros chaque année par l’OCDE.
Sources : Fondation Pierre Deniker / Le Quotidien du Médecin (novembre 2018)