Le rythme circadien des infirmières de nuit davantage perturbé
Des travaux entrepris chez des infirmières et des aides-soignantes de l’AP-HP montrent que l’exercice professionnel nocturne a un impact considérable sur leur horloge biologique. D’après une autre étude, ces perturbations seraient associées à des troubles de l’humeur et auraient des effets négatifs sur le bien-être des salariées.
Cancérogène probable. Telle est la classification du « travail posté impliquant des perturbations du rythme circadien »(soit 24h) par le Centre international de recherche contre le cancer en 2007. Neuf ans plus tard, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail renchérit et estime que l’exercice professionnel nocturne provoque des risques de cancer ou encore des troubles du sommeil, métaboliques, cardiovasculaires et psychiques chez les travailleuses concernées.
Du côté des infirmières et des aides-soignantes, les horaires du travail de nuit ont des conséquences importantes sur l’horloge interne, dévoile récemment le projet CIRCADIEM qui s’intéresse aux femmes opérant à l’Assistance publique et aux Hôpitaux de Paris (AP-HP). Suite à l’analyse de données issues de 215 infirmières et aides-soignantes volontaires de l’hôpital Paul Brousse à Villejuif, les chercheurs de l’Inserm dressent un constat sans appel. Il existe de fortes disparités entre les employées de nuit et les travailleuses de jour alternant. La privation moyenne de repos atteint 3,1 heures pour l’équipe nocturne (fortes périodes de somnolence) contre 1,6 heures pour l’autre groupe.
D’autres analyses plus fines doivent encore avoir lieu pour établir une typologie des perturbations en fonction des horaires de travail et de sommeil. Mais d’après Pascal Guénel, épidémiologiste et directeur scientifique du projet CIRCADIEM, des recommandations en termes d’aménagement des horaires de travail dans le secteur de la santé sont nécessaires pour « limiter les effets sanitaires liés aux perturbations du rythme circadien ».
Horloge interne perturbée : quelles répercussions ?
Selon une importante étude britannique parue il y a peu dans The Lancet Psychiatry, les dérèglements du rythme circadien sont nuisibles pour le métabolisme et seraient associés à un surrisque de dépression et de troubles bipolaires, une humeur instable, un sentiment de solitude, une diminution de la sensation de bonheur… Néanmoins, cette corrélation ne comporte pas forcément de liens de cause à effet explicites. Il s’agit avant tout d’une enquête observationnelle, expliquent les chercheurs de l’université de Glasgow.
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Sources : Inserm / The Lancet Psychiatry / Le Quotidien du Médecin (novembre-décembre 2018)