La consommation d’un champignon toxique, la fausse morille, serait liée à une dizaine de cas de sclérose latérale amyotrophique (SLA), également appelée maladie de Charcot, observés dans un village de Savoie. C’est ce que révèle une étude franco-américaine, publiée le 15 août dernier par le Journal of Neurological Sciences, après dix ans d’enquête.
Dans le Nord, 7 cas ont récemment été détectés à la frontière du Denaisis et du Cambrésis.
Et si la maladie de Charcot avait des origines environnementales ?
Selon l’Inserm, la sclérose latérale amyotrophique est une maladie rare et grave.
Elle se traduit par une paralysie progressive des muscles impliqués dans la motricité volontaire, et affecte également la phonation (production de sons) et la déglutition, conduisant à la mort au bout de quelques années.
Selon les médecins, 10 % des cas de SLA seraient d’origine familiale, mais dans les 90 % restants, cela pourrait être dû à la mutation d’un gène, potentiellement explicable par des facteurs environnementaux.
Des cas en Savoie et dans le Nord
Une étude franco-américaine vient de résoudre une énigme médicale vieille de plus de dix ans dans le village de Montchavin, près de la station de ski de La Plagne (Savoie). En effet, c’est là qu’en 2009, une médecin généraliste observe un fait troublant : pour la troisième fois, elle diagnostique chez un habitant une sclérose latérale amyotrophique (SLA) ou maladie de Charcot.
Elle alerte des spécialistes de cette pathologie qui lancent alors une enquête approfondie. Dans un premier temps, ils trouvent 11 autres cas dans le village entre 1991 et 2013, dont la moitié sont déjà décédés. Les malades, âgés de 39 à 75 ans, n’ont aucun lien de parenté mais se connaissent tous.
Dans le département du Nord, au Sud de valenciennes, le nombre de cas de maladie de Charcot pose également question. Début 2021, 7 cas ont été recensés dans un rayon de quelques kilomètres. Cela correspond à un cas pour 513 habitants quand l’incidence annuelle avoisine 2,5 pour 100 000 habitants, selon l’ARSLA (Association de Recherche sur la Sclérose Latérale Amyotrophique et autres Maladies du Motoneurone).
Des causes environnementales
Ces regroupements de cas interrogent.
Dans le Nord, l’origine du déclenchement d’une SLA reste indéterminée. D’après l’association pour la recherche sur la SLA, certains facteurs environnementaux ont été suspectés sans qu’aucun n’ait pu être confirmé à ce jour.
En Savoie, la cause environnementale a également très vite été suspectée. Pourtant, les premières pistes explorées n’ont rien donné rien : traces de toxines bactériennes ou de plomb dans l’eau, de gaz radon dans les habitations, de pollution de l’air ou de la terre par des pesticides ou des métaux lourds…
Dans l’impasse, les chercheurs ont alors attiré l’attention de Peter Spencer, toxicologue à l’Université de l’Oregon aux États-Unis, qui a déjà enquêté sur une situation similaire sur l’île de Guam, dans l’ouest du Pacifique. La graine d’une plante locale, le cycas du Japon serait à l’origine de nombreux cas de SLA.
Les recherches ont donc été relancées en suspectant non pas le cycas, mais un champignon toxique répandu, la fausse morille (Gyromitra gigas), qui contient des toxines proches de celles du cycas par leur mode d’action.
Dans l’étude publiée par le Journal of Neurological Sciences, les scientifiques rapportent, en effet, que les malades ont bien consommé le champignon à plusieurs reprises des années auparavant, contrairement aux autres villageois.
A noter : Interdite à la vente en France depuis 1991, la fausse morille peut aisément être confondue avec certaines morilles comestibles par l’aspect plissé de son chapeau. Comme pour tous les champignons, en cas de doute, faites examiner votre cueillette à un pharmacien mycologue.
S’il est trop tôt pour l’affirmer, la maladie de Charcot pourrait donc bien avoir des origines environnementales. L’enquête de l’équipe franco-américaine prouve qu’il devient difficile d’écarter des causes environnementales dans le déclenchement de la SLA.