Comme chaque année, ce 31 mai marque la Journée mondiale sans Tabac. Organisée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), cette journée vise à informer et sensibiliser le grand public sur les dangers, y compris mortels, du tabac sur la santé.
Arrêter de fumer est loin d’être facile et les idées reçues ont la peau dure. Dr Olga Kephalianos, médecin du travail et référent tabacologie, répond à nos questions sur le sevrage tabagique.
Sevrage tabagique : 3 questions au Dr Olga Kephalianos
Arrêter de fumer est souvent difficile. Quelles sont les chances de réussir ?
Seul, moins de 10% d’arrêt durable (> à 6 mois) ! La rechute est souvent de règle mais elle n’est pas un échec. Elle caractérise la maladie chronique qu’est le tabagisme, c’est une étape vers l’arrêt définitif. L’accompagnement par un spécialiste de l’arrêt du tabac, associé, si nécessaire, aux traitements de substitution nicotiniques, augmente considérablement les chances de succès.
Qu’est ce qui est le plus important pour réussir ?
La Motivation ! Arrêter de fumer n’est pas une question de volonté mais bien de motivation. Il faut avant tout se débarrasser de ses préjugés. Il est important de savoir qu’il existe une prédisposition génétique à être fumeur ou non-fumeur et que les fumeurs ne sont pas tous au même stade : il y a ceux qui sont prêts à arrêter et ceux qui ne le sont pas. Il faut s’informer puis se préparer à l’arrêt.
Comment réduire les risques liés au tabac si on ne se sent pas prêt à arrêter ?
En réduisant sa consommation, on réduit ses risques (respiratoires, de cancer et autres…), excepté le risque cardiovasculaire, à condition de ne pas tirer plus fort et plus souvent sur sa cigarette car on est accroc à une dose de nicotine et non à un nombre de cigarettes. Le remplacement de quelques cigarettes par des substituts nicotiniques (patch, gommes, comprimés à sucer) permet de réduire efficacement sa consommation.
Il y a des traitements qui ont fait la preuve de leur efficacité dans l’arrêt du tabac, d’autres non. Parmi les traitements validés : les substituts nicotiniques, les thérapies comportementales et cognitives et certains médicaments (zyban, champix). Mais, il n’y a pas de traitement miracle. A chacun sa méthode !
Journée mondiale sans Tabac 2022 : protéger l’environnement
Célébrée le 31 mai dans le monde entier, la Journée mondiale sans tabac offre l’occasion d’informer le public :
- des dangers du tabagisme pour la santé,
- des pratiques commerciales des sociétés productrices de tabac,
- de l’action de l’OMS pour lutter contre l’épidémie (le tabagisme est, en effet, la plus importante épidémie évitable à laquelle les soignants sont confrontés),
- de ce que chacun peut faire dans le monde pour faire valoir son droit à la santé, à un mode de vie plus sain et pour protéger les générations futures.
Cette année, la campagne de l’OMS vise à sensibiliser le grand public à l’impact délétère sur l’environnement de la culture, de la production et de l’élimination des déchets du tabac et de ses produits (déforestation, émission de gaz à effets de serre contribuant au dérèglement climatique, consommation massive d’eau…).
Elle permet également de dénoncer les efforts faits par l’industrie du tabac pour « verdir » sa réputation et ses produits en les commercialisant comme des produits respectueux de l’environnement. `
A mi-chemin du Mois sans tabac, la Journée mondiale sans tabac est l’occasion de (re)motiver les consommateurs de tabac pour qu’ils cessent de fumer en leur donnant une raison de plus : protéger l’environnement.
Tabac : quelques repères
Le tabac fait plus de 8 millions de morts par an dans le monde, c’est la 2ème cause de décès dans le monde. 1,2 millions sont en fait des non-fumeurs exposés au tabagisme passif.
Plus de 80% des 1,3 milliards de fumeurs dans le monde vivent dans des pays à revenus faibles ou intermédiaires.
Toutes les formes de tabac sont nocives (cigarettes, cigares, tabac à rouler, tabac sans fumée, tabac chauffé, pipe à eau…). Il n’y a pas de seuil en dessous duquel l’exposition est sans danger.
Concernant la cigarette électronique appelée maintenant SEDEN (système électronique de délivrance de la nicotine), le HSCP (Haut Conseil de Santé Publique) est revenu, le 4 janvier 2022, sur l’avis relatif aux bénéfices-risques de la cigarette électronique qu’il avait émis le 22 février 2016 selon lequel la cigarette électronique pouvait être considérée comme une aide au sevrage tabagique.
Il souligne que les connaissances fondées sur les preuves sont insuffisantes pour proposer les SEDEN comme aide au sevrage tabagique et recommande aux soignants, pour le sevrage, l’utilisation de traitements médicamenteux ou non ayant prouvé leur efficacité.