Troubles musculosquelettiques, cancers, endométriose, grossesse, ménopause,… Ponctuée par de multiples étapes dans sa vie personnelle et professionnelle, une femme voit sa santé évoluer différemment. La santé au travail des femmes est un sujet dont s’emparent de plus en plus les entreprises et les acteurs de la prévention et de la santé. Comment est impactée la santé au travail des femmes ? Comment agir en entreprise pour préserver la santé de ses salariées ? PÔLE SANTE TRAVAIL vous en dit plus sur le sujet.
Les tâches répétitives et les troubles musculosquelettiques
60% des personnes atteintes de troubles musculosquelettiques (TMS) sont des femmes. Les salariées occupent souvent des postes avec des tâches répétitives entraînant des TMS et ainsi une usure physique et psychologique sur le long terme.
Cette prévalence s’expliquerait à travers les caractéristiques physiologiques qui diffèrent entre les femmes et les hommes : taille, articulations, masse musculaire, élasticité des tendons, résistance osseuse,… Une femme et un homme n’exécuteraient donc pas une tâche de la même manière et ne seraient pas exposés aux risques de la même façon. Des études ont également démontré que les postes de travail et les équipements étaient conçus en fonction de l’anatomie d’un profil masculin.
L’un des principes généraux de la démarche de prévention est d’adapter le travail à l’Homme, en tenant compte des différences interindividuelles, dans le but de réduire les effets du travail sur la santé. Il est alors essentiel de prendre en considération ces différences entre femmes et hommes dans la conception des postes de travail pour permettre à tous les salariés de préserver leur santé de façon égale.
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Le travail de nuit et le cancer du sein
En France, la loi du 9 mai 2001 lève les restrictions d’accès au travail de nuit pour les femmes dans un but d’égalité professionnelle entre femmes et hommes.
Aujourd’hui, il est reconnu que le travail de nuit peut engendrer de nombreux risques pour la santé : troubles du sommeil, somnolence, anxiété, dépression, surpoids, obésité, diabète, maladies cardio-vasculaires et cancers comme le cancer du côlon ou le cancer du sein.
Le cancer du sein est notamment la première cause de mortalité par cancer chez les femmes. Le Centre International de Recherche sur le Cancer considère « le travail de nuit posté impliquant une perturbation du rythme circadien » comme cancérogène probable.
Ce risque s’observe surtout chez les femmes ayant été exposées :
- plus de 20 ans au travail de nuit : au moins 3h de travail entre minuit et 5h
- pendant l’âge adulte jeune, ou lors d’une exposition plus courte (5 à 10 ans) mais intense : au moins 3 nuits ou 20h par semaine
Le saviez-vous ? Les horaires atypiques ou le travail augmentent de 26% le risque de développer un cancer du sein.
En vidéo : nos paroles de pros sur les horaires atypiques
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Le travail et la santé sexuelle et reproductive des femmes
La santé sexuelle et reproductive de la femme connaît différentes étapes, tant volontaires qu’imprévisibles. Ces étapes peuvent avoir un impact direct sur la santé et la place de la femme au travail.
L’endométriose : un enjeu de santé publique, de santé au travail et d’égalité professionnelle
L’endométriose est une maladie chronique touchant 1 femme menstruée sur 10 et pouvant entraîner des douleurs invalidantes tant pour la vie personnelle que professionnelle. Les personnes atteintes d’endométriose ont souvent la crainte que leur état de santé puisse avoir des conséquences sur leur travail comme :
- Un ralentissement de leur évolution professionnelle
- Une mise en retrait dans les projets de l’entreprise
- Être vue comme une personne vulnérable
Ces conséquences participent à la désinsertion professionnelle des salariées, c’est pourquoi il est essentiel d’agir pour les accompagner.
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Le saviez-vous ? Selon l’Inserm, 65% des femmes atteintes d’endométriose reconnaissent un impact négatif de la maladie sur leur quotidien professionnel.
Jusqu’alors insuffisamment prise en compte dans le monde du travail, l’endométriose est désormais prise en considération comme véritable enjeu de santé publique, de santé au travail et d’égalité professionnelle. Il s’agit d’un axe de travail du 4ème Plan Régional de Santé au Travail des Hauts-de-France dans lequel sont impliqués les services de prévention et de santé au travail.
La grossesse : bercée par des idées reçues à déconstruire
Attendre un enfant est un bouleversement dans la vie d’une femme. Une grossesse peut parfois être associée à de nombreuses idées reçues et discriminations : la femme enceinte est plus fatiguée, devrait ralentir son rythme de vie, n’a plus les mêmes capacités intellectuelles et physiques,… Cependant, il est tout à fait possible de concilier une grossesse, sans complication, et le travail.
Et pourtant, le rapport publié en 2023 « Santé des femmes au travail : des maux invisibles. » par la délégation aux droits des femmes montre que :
- 20% des femmes occupant des emplois ouvriers et de service perdent ou quittent leur emploi en cours de grossesse.
- Il y a deux fois plus de discriminations au travail à l’encontre des femmes enceintes ou mères d’un enfant en bas âge.
- 84% des femmes en parcours AMP (assistance médicale à la procréation) estiment que celui-ci a des répercussions sur leur vie professionnelle
Aménagements de poste et du temps de travail, autorisations d’absence, congé maternité, allaitement,… Les femmes ont des droits pendant et après leur grossesse dont elles n’ont pas toujours connaissance. L’employeur a pour rôle de les informer sur leurs droits et de les appliquer.
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La ménopause : en parler pour lever le tabou
En France, 500 000 femmes entrent en ménopause chaque année. Cette période de la vie d’une femme marque l’arrêt du cycle ovarien et intervient généralement chez les femmes âgées entre 45 et 55 ans. De nombreux symptômes y sont associés et peuvent être invalidants, y compris au travail : bouffées de chaleur, fatigue, irritabilité, troubles du sommeil, troubles urinaires, maux de tête…
L’intensité de ces symptômes varie d’une femme à une autre et certaines n’ont pas besoin de traitement. Dans les cas où les symptômes sont gênants, des traitements peuvent être prescrits pour permettre aux femmes de mieux vivre au quotidien avec la ménopause.
A noter : Si vous êtes concernée, n’hésitez pas à en parler à votre médecin traitant ou gynécologue.
Agir en prévention pour préserver la santé des femmes au travail
Pour agir en prévention et préserver la santé des femmes au travail, il est possible de mettre en place différentes mesures, comme :
- Mieux informer et former les employeurs, les employés et les professionnels de santé sur ces sujets parfois tabous
- Ouvrir le dialogue en entreprise avec les salariées concernées pour leur permettre de s’exprimer et trouver des solutions adaptées
- Prendre en considération le genre dans l’évaluation des risques professionnels en entreprise
- Solliciter les équipes PÔLE SANTE TRAVAIL pour être accompagné dans la mise en place d’une démarche de prévention adaptée au bénéfice de la santé de tous salariés et de la performance de l’entreprise
Au niveau individuel, la salariée peut bénéficier, à sa demande ou à celle de l’employeur, d’un examen par le médecin du travail ou par un autre professionnel de santé dans le cadre d’une visite occasionnelle. Cette visite permet d’échanger et de proposer, le cas échéant, des solutions pour permettre à la salariée de continuer à travailler dans de bonnes conditions adaptées à son état de santé actuel.
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